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n'est pas iino l'onoiuiuee : (-"rsl uuc <^ popularilô sans oxoinplo ». (1) '< Cette popularité, — aj()ul(> (rAiir(>\ ill.v,

— n'a d'égale dans aucune iiltri'aliu'e. C^csl la seule popularité qui ne soit ni une l)ètise. ni un mensonge, car l(>s graiuls talents lilleiali-cs no sont pas populaires, cl tient le génie puisse être lier, pai'c(^ (pi'cllc csl (Mi e(pia- tion avec sa propre étendue. La Fontaine, cependant, lut bien autre chose qu'un l'ubulislo. 11 a laissé des ('onirs et des Poésies de toute sorte, marqués de ce talent inouï qu'on n'a vu qu'une fois parmi les hommes. Mais ce sont exclusivement ses Fables, dans lesquelles on plonge, depuis qu'elles sont faites, les enfants d(> toutes les géné- rations connue dans leur premier bain d'iulclligence, ce sont ses Fables qui Font rendu aussi populaire que s'il ne méritait pas de l'être, et donné à sa popularité un caractère aussi particulier que son génie. Les autres écrivains — et les plus grands ! — ne laissent dans nos souvenirs que l'impression de leurs chefs-d'ceuvre et le nom qu'ils ont innnorlalisé, mais La Fontaine y a laissé son œuvre même. Il est en nous et il vit en nous. 11 fait corps avec notre substance. Nous avons tous, en France, été baptisés en Jean La Fontaine, et fait notre première communion intellectuelle dans ses Fables. Et plus nous avons grandi, plus il a grandi avec nous ; plus nous avons avancé dans la vie, plus nous avons trouvé de charme et de solidité dans ces Fables qui sont la vérité, dans ces drames dont les bêtes sont les persomiages et qui racontent si délicieusement et si puissanunent la vie humaine, tout en la métamorphosant // (2j. La Fontaine,

— disait encore d'Aurevilly dans une lettre à Trebutien,

(1) Les Poètes, 2* série, p. 19.

(2) Les Poètes, 2* série, p. l'J i-l 20.