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poèto, il n'y eu avait pas ou avant Housanl. Ronsard ost l'Adaui do la poésie française, et, comme Adam, il est né homme, armé de toutes ses facultés ! » (1)

Il faut i)ardoimer ces clameurs ûc prosélyte à un romanti<iiu' ardent qui n(^ sait du moytMi-;ii>e que la beauté extérieure et l'éclat de fa(;a,(l(\ sans en avoir approfondi les («Mivres durables. Et que peuvent peser, en regard d'un tel enthousiasme, les vers de Villon et de Charles d'Orléans, la prose de Froissart et de Commines? Jusqu'au XVI« siècle, tout s'efface, pour Barbey d'Au- revilly, devant la souveraine grandeur de Ronsard, — même Rabelais, même Montaigne, même d'Aiibigné !

Toutefois on. ne peut dire que le critique bas-normand ait passe sous silence Rabelais et Montaigne! S'il no leur a pas réservé une place do choix dans ses essais litté- raires, il leur a rendu hommage en plus d'une cir- constance. Rabelais, c'est un « mastodonte, émergé radiousement du chaos dans le bleu d'un monde nais- sant » (2). « Mon adorable vieux Rabelais ! » ÇA) dit encore d'Aurevilly. Et chaque fois qu'il le rencontre sur sa route, il le salue conime un vrai Gaulois, précurseur du g-énie de Molière et de Balzac, l'ieur naturel, exquis et puissant, qui relève ses pires grossièretés par une verve audacieuse et vivante laquelle assure l'immortalité de ses créations. La vie est au-dessus de tout : c'est tout. Il semble aux yeux de Barbey qu'on n'ait pas vécu avant Ronsai'd et Rabelais d'une vie assez pleine et que la littérature du moyen-àge n'ait pas connu, si ce n'est avec Villon, ces larges expansions d'une existence que rien

(1) Les Poètes (éd. Lemcrre, 1889), i). 1 et siiiv.

(2) Les Poêles Uu\. Lcmeric, 188!)). p. (i(l.

(3) T/iédIre c<ii>teiiip<ir<t'tn, t. I, p. ijl).