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à reslhélique vioillio ol siiruiinoo dos classiqiu^s. Mais, coinino il entend iiuiiiilenir sa personnalité intacte cl originale envers et contre tous, il donne à ses concep- tions un tour pai-liculiei- et individuel qui empêche de les assimiler à celles d'autrui, même de ses précurseurs en romaiitisiiKv

C'est ainsi qu'il reproche à Victor Hugo de n'avoir pas de doctrine littéraire, en dépit du manifeste retentissant de hxPréfaccdeCromwelL et d'abuser du don d'imagi- nation qu'il rerul de la nature. 11 n'hésite pas a lui préférer Lamartine et Alfred de Vigny. Eux au moins, s'ils se sont servi à profusion des fornu^s extérieures de l'art pour traduire leur pensée, ils n'iMi ont jamais fait qu'un noble usage ; ils ne se sont pas noyés dans le flot tumultueux et confus de l'anarchie verbale, ils ne se sont pas précipités, tête baissée, dans le verbiage étour- dissant et dans l'impudent mensonge des bizarres et folles débauches d'expression qui masquent mal, sous un dévergondage effronté, l'absence de Tidée. Ils ne sont point des « plastiques », uniquement épris des beautés du style; ils s'affichent, avant tout, idéalistes. Néanmoins, d'Aurevilly se distingue d'eux par plusieurs points, très personnels, de son esthétique.

Il a une théorie de la poésie, à laquelle ne souscri- raient pas entièrement, à coup sur, ni Lamartine, ni Vigny, ni Musset. Il n'admet les vers que s'ils soi-font directement du fond de l'àme même, des profondeurs les plus intimes de l'être. Par cette définition il est conti-aint à amplifier singulièrement le sens ordinaire du mol poésie: ceux qui écrivent en vers, — dit-il, — ": s'ap- pellent spécialement: les Poètes. Us ont confisqué à leur profit une appellation qui convient à tout homme doué, quel que soit son genre de talent et de langage, de la