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l'onovalours du ironie Iraiicais. Mais, on mcmo loiups qu'il t'hosit ses lenauls et parrains lillérairos, il ne se résig'iie pas à abdiquer sa propre persoiiiialiU> (lu'il sail vigoureuse el capable (riuilialive. l>r(>f, il ne se decidi^ qu'à être el a rester toujours lui-inènie. Ainsi, parti du ronianlisnio pur. il aboutit a une sorte de réalisme psyeho- log'iquo et sentimental ilont toute son onivre sera pénétrée. « Ce n'est pas de la littérature, e'est de la vie //, écrit-il à Paul de Suint-Victor, au mois de juillet ISjT), en lui envoyant ses poésies. Et ce qu'il dit des v(M"s, où son âme s'est épanchée librement et soulagée, il le peut dii"e avec non moins de raison de ses ronr.ms et même de sa critique. Il a \v droit de revendiquer pour d(>vis(> le mol fameux: « Poésie, c'est délivrance ^>. La vie, telle qu'il kl con(;oit, la sent ou la devine, voilà, en définitive, ce qu'il tend à exprimer : par là il s'affirme psychologue réaliste, subtil analyste de ses plus intimes et iii(li\ iduels étiits d'àme. Seulement, il traduit la vie intérieure, son ôlre psychique et moral, à sa manière qui agrandit et amplifie tout, (jui est d'un romantique fouguou.v.

Ce mélange de réalisme interne et de romantisme extérieur est la plus précieuse originalité de Barbey d'Aurevilly. Gràceà cette dualité mystérieuse, fondue en une seule entité parla niag'ie souveraine d'un laleid rare, il s'isole de ses contemporains el manjue sa place à distance des artistes de l'époque.

Même, à proprement parler, on ne saurait employer le mot d'art quand il s'agit des créations on s'est manifestée la nature exubérante du romancier normand. L'art suppose des procédés et implique une tliéoiie. Or, d'Au- revilly se défend énergiquement de toute velléité de s'astreindre à la recherche des moycMis les plus parfaits d'expression. Aussi comprend-on qu'il condamne sans