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au dehors. Lo ciol (\o France iTc^sl-il dmir plus la sourco fécomlr (l(^ l(Uilt> poôsio? Aycv, iiuo ;iiii(>; lialùlo/ en voli'O Aine; iio vous exleriorisoz pas, i»o vous t^xiUv, i)as : voilà le secret de la force. Kl Barbey d'Aurevilly dédie eelte pensée « aux auiis qui voyagent » : « Partir, c'est n'avoir pas assez d'atomes crochus pour rester » (1). Pour lui, tous ses atonies le retiennent au sol natal. « A Bourget, le voyageur et le lakiste, dites que j'ai lu ses lacs, — écrit-il le î) novembre 1SS2. — Très contenl. Mais j'aime mieux les dci/j- siois en vers qu'il aurait aussi bien faits rue de Mo)isieur qu'en Angleterre, ce qui prouve pour ma théorie du rester là. Tête de poète n'a besoin de rien. A elle seule, elle est l'univers et même elle est bien mieux. »

C'est pourquoi il se montre sévère à l'égard de Brizeux. « A l'amant délaissé de Marie, dit-il, il restait ce qui vaut mieux à aimer qu'une femme, — son pays. Certes, Brizeux a aimé le sien. Qui en doute? 11 était de cette terre qu'il a lui-même caractérisée :

La terre de granit, rcroiivorte tic cliùiics!

et où tout est solide et profond, jusqu'à l'amour qu'on a pour elle. Marie, sa Marie, sa douce dédaigneuse, il ne l'a peut-être autant aimée que parce qu'(>lle lui réfléchis- sait et lui symbolisait la Bretagne... iNhiis cet amour de la Bretagne, qui a donné goût de terroir à ses meilleurs vers, ne fut point en lui la passion qui, à force d'inten- sité, monte quelquefois jusqu'au génie... 11 n'avait pas ce bonheur d'être un paysan, — un vrai paysan, — dans un poète. La civilisation, cette Dalila de toutes manières, lui

(1) Pensées détachées, p. 32 (éd. Lemerre. 1889).