Page:Gregory - En racontant, 1886.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
EN RACONTANT

deux musiciens à la Nouvelle Orléans, et pensa bien qu’ils faisaient le tour du monde.

Comme nous avions encore quelques instants à nous, nous louâmes un carrosse pour nous rendre au joli cimetière Bonaventure, à une petite distance de la ville. Cette république des morts, suivant l’expression de Chateaubriand, est ornée d’arbres disposés avec un goût admirable et que je n’ai jamais vus ailleurs. L’arbre qui domine est le chêne vert, dont chaque rameau porte de longs festons pendants, formés de mousse grise d’Espagne. Ces arbres sont alignés par rangs d’une régularité parfaite, et couvrent presque entièrement les avenues droites et spacieuses qui courent dans différentes directions ; leurs branches s’étendent et se joignent de manière à leur donner un point de ressemblance avec les arches entrelacées ou les chevrons ondés de la nef d’une église. Les pierres tumulaires sont d’un genre uni, mais belles dans leur simplicité ; elles sont entourées de roses, de magnoliers, de fleurs japonaises, de camelliées, de lauriers-roses, de clématites et d’autres jolis arbustes à fleurs, dont plusieurs étaient en pleine floraison. On remarquait aussi le houx avec ses baies rouges. L’arbre appelé chêne vert est une espèce qui porte un feuillage vert à toutes les saisons de l’année. Phénomène étrange ! de la fougère croissait à travers les fissures de l’écorce de plusieurs de ces ar-