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EN RACONTANT

se vend fort cher. Une peau de renard argenté vaut de quarante à cinquante piastres, et celle du renard noir atteint quelquefois cent piastres, et, par une anomalie difficile à expliquer, la peau du renard roux n’est payée qu’une ou deux piastres.

Les ours ne sont pas aussi nombreux qu’autrefois sur la côte du Labrador ; l’ours blanc surtout s’y voit bien rarement. L’ours noir y est plus commun, et aime le voisinage des habitations, malgré les dangers qu’il y court, car les chasseurs lui font souvent payer de la vie les dégâts qu’il se plaît à causer à leurs cabanes en leur absence. La chair de cet animal est excellente, et sa peau, qui est d’une grande utilité dans ce climat rigoureux, a aussi son prix.

Dans ses notes de voyage sur la côte du Labrador M. l’abbé Ferland raconte « que trois jeunes gens qui passaient l’hiver ensemble, avaient laissé la cabane pour visiter les pièges tendus dans la forêt. En entrant au logis, ils furent étonnés de trouver la porte arrachée et jetée sur la neige. Ils crurent d’abord que quelque farceur de voisin était venu leur jouer un tour pendant leur absence. Dans la cabane, tout avait été bouleversé : le poêle et le tuyau étaient renversés ; l’armoire avait été vidée, et la provision de lard gaspillée ; le sac de farine n’y était plus, et avec lui avait disparu une tasse de fer-blanc, une paire de bottes et un paletot. Ce