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LES PÊCHEURS DU LABRADOR

à neuf chiens chacun, dont les échos d’alentour répètent l’infernal vacarme.

Il y a, le long de la côte, beaucoup d’habitants qui sont très habiles à la pêche. Ils feraient bien mieux, suivant moi, d’établir leurs familles dans des localités où elles pourraient cultiver la terre, tandis qu’eux-mêmes, au lieu d’agir individuellement, se joindraient à des propriétaires de goëlettes et de seines, et suivraient la côte à la découverte du poisson, chaque homme devant partager dans les produits de la pêche. Par ce moyen, ces pauvres gens pourraient se procurer la farine sur le marché de Québec au prix de $5 à $7 le quart, au lieu de payer $10 à $15 ; de même qu’ils vendraient leur poisson de $4 à $5 et $6 au lieu de $2.60 à $2.80, et les autres effets, soit d’achat ou de vente, en proportion.

Ceci me semble le seul moyen pratique de faire la pêche avec profit sur la côte du Labrador, tant pour les pêcheurs associés que pour les commerçants eux-mêmes, car, en dépit des prix exorbitants auxquels ceux-ci vendent leurs marchandises, peu d’entre eux s’enrichissent, vu les avances qu’il leur faut faire ; et quand un pêcheur ne veut pas, ou ne peut pas payer, il faut que le commerçant se résigne à tout perdre.

Un fait qui m’étonne grandement, c’est que nos marchands de Québec n’aient pas songé à fréter des