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LES PÊCHEURS DU LABRADOR

«  Il a pu arriver que des chiens aient attaqué quelque voyageur isolé, mais cela a dû être fort rare. Partout je les ai trouvés civils et caressants pour moi. Une fois que la connaissance avait été faite avec eux, ils me suivaient dans mes courses, et j’avais souvent peine à les renvoyer, lorsque leur compagnie ne me convenait point.

«  Pendant l’hiver ils récompensent leur maître des dépenses et des inquiétudes qu’ils lui ont causées durant le reste de l’année. En été, les voyages se font en barges ou en chaloupes ; en hiver, c’est au moyen des chiens et des cométiques. Vers le mois de janvier, les baies et les passes se couvrent d’une glace solide, jusqu’à trois et quatre lieues au large. L’on en profite pour traîner aux maisons le bois qui a été coupé pendant l’année précédente, cinq ou six chiens attelés à un cométique enlèvent de lourdes charges. Six ou sept bons chiens, traînant trois personnes, parcourront dans la journée de vingt à vingt-cinq lieues. »

Le premier jour de notre mouillage au Grand Mécatina, nous prîmes le dîner chez M. Gaumond. On nous servit du porc avec des pommes de terre, du thé arrosé d’un peu de mélasse et un immense pâté du Labrador fait de canneberges, le tout, il va sans dire, saturé de mélasse. Les habitants de la côte sont très affables. La saison qui venait de s’écouler avait été favorable aux pêcheurs, qui