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EN RACONTANT

lâche de deux jours dans ces parages. J’en profitai pour visiter l’île, qui peut avoir environ cinq milles de long sur trois de large, et est de composition granitique. J’y vis beaucoup de loups-marins, mais tous étaient d’une timidité telle, qu’ils m’évitèrent même le trouble d’épauler mon fusil ; je dus m’en tenir au gibier, qui abonde généralement sur les rives de cette île. Je visai un plongeon, communément appelé huard, qui fut mangé de bon appétit au steamer.

Ce fut aussi en cette circonstance que j’eus occasion de connaître et d’admirer les qualités des chiens du Labrador. On ne garde ni chevaux ni bêtes à cornes d’aucune espèce sur toute la côte, depuis Natashquan jusqu’à Blanc-Sablon, pour la bonne raison que le Labrador ne formant qu’un rocher continu, il n’y pousse pas d’herbe en quantité suffisante pour les nourrir. Les chiens rendent donc les mêmes services aux labradoriens, que les chevaux partout ailleurs. On s’en sert pour les voyages de plaisir comme pour transporter des charges. Chaque famille garde généralement cinq ou six de ces auxiliaires indispensables à l’existence au Labrador. M. Gaumond, dont je viens de parler, en avait quatorze. Il en mit cinq sous attelage à un cométique, ce qui était un spectacle tout à fait nouveau pour moi. Aux préparatifs que fit Gaumond, ces chiens parurent éprouver autant de plaisir que