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EN RACONTANT

Lorsque j’arrivai à Blanc-Sablon, plusieurs familles étaient parties en goëlettes, soit pour la Baie des Isles, Terreneuve, les mines de fer de Moïsie ou Québec. Elles craignaient de mourir de faim si elles persistaient à demeurer dans ces parages, vu que les maisons de commerce devaient fermer leurs portes cet hiver-là, ne voulant pas faire de nouvelles avances aux pêcheurs qui déjà étaient trop endettés.

Mardi, le 15 octobre, nous mîmes le cap sur Bonne Espérance, où nous arrivâmes à 2 heures de l’après-midi. Presqu’en même temps, nous aperçûmes une barge blanche à deux voiles se diriger vers le steamer ; c’était la barge du missionnaire de l’Église d’Angleterre, le révérend M. Wainright, qui, accompagné d’un esquimau et d’un pêcheur, était parti de St-Augustin pour rencontrer le steamer à Bonne Espérance. Après quelques minutes passées à bord, nous acceptâmes, le révérend M. Butler, une dame, un autre passager et moi-même, la proposition obligeante de M. Wainright, de nous conduire à la Rivière des Esquimaux, puis à la Baie aux Saumons, que le révérend M. Butler lui-même, missionnaire de l’endroit, nous avait invités à visiter.

Nous naviguâmes donc vers la rivière des Esquimaux ; mais pour prendre terre, il fallut que M. Wain-