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LES PÊCHEURS DU LABRADOR

ment complet, à l’exception d’une seule qui contenait un poële, un escabeau à trois pieds, une table en pin et un gros paquet de filets.

Je me demandais comment il était possible que des êtres humains pussent demeurer dans une semblable habitation sans geler à mourir. Je n’avais encore aperçu personne, excepté le maître du logis, qui nous accompagnait. Aussi, je priai Jones de nous permettre de voir sa femme et ses enfants. Il me répondit qu’ils étaient à peine suffisamment vêtus pour se montrer, mais qu’il irait tout de même à l’étage supérieur où ils étaient, et essaierait de les engager à descendre.

Au bout de quelques instants, j’entendis dans l’escalier les pas d’une personne qui me semblait souffrir d’une bien mauvaise toux : c’était sa pauvre femme, suivie de cinq de ses petites filles, âgées respectivement de trois à douze ans.

Madame Jones portait une veste de coton bien mince et bien usée, et une jupe faite de toile à voile, mais parfaitement propre. Je ne crois pas qu’elle eût des vêtements plus chauds ni qu’elle en portât aucun en flanelle.

Je vis de suite par le salut qu’elle me fit en entrant dans la chambre où nous étions, qu’elle était une femme bien élevée. Elle resta à côté du poêle, près de moi, jusqu’à ce que je la fis consentir à accepter le seul siège disponible de l’appartement ;