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EN RACONTANT

éprises de la vie sauvage et libre des bois que, malgré ses fatigues, ses privations, ses luttes contre la faim, un séjour de quelques mois dans une grande ville leur devient ennuyeux au point qu’elles aspirent bientôt à reprendre leur première occupation ; ce qui arrive fréquemment.

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NOS GARDIENS DE PHARES.


Le genre de vie que mènent nos gardiens de phares, chacun l’admettra, est loin d’être enviable. Il faut une bonne dose de courage et d’énergie pour affronter une semblable existence, toute d’isolement et souvent accompagnée de privations. Plusieurs pourtant l’acceptent avec plaisir, et y passent des jours heureux.

J’ai connu un homme d’éducation, né et élevé près de Québec, autrefois marchand, et marié à une femme possédant aussi une bonne éducation. Après avoir accepté un emploi comme gardien d’un phare sur l’île d’Anticosti, il obtint plus tard, par influence de parenté, une situation du gouvernement avec un salaire suffisant pour bien élever sa famille et vivre confortablement. Néanmoins, ce fut en versant des larmes qu’il quitta sa demeure sur cette