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EN RACONTANT

une partie de pêche. À environ six milles de là, il y avait une rivière que l’on disait contenir du saumon. Je pris place dans la chaloupe du steamer avec le capitaine et quatre hommes, bien pourvus de lignes, de mouches, de tentes et de provisions pour un campement d’une couple de jours.

Durant le trajet, nous longeâmes le rivage où l’on pouvait apercevoir un grand nombre de veaux-marins étendus ça et là au soleil, sur les rochers découverts à marée basse. Dès que nous les approchions, ils se hâtaient de quitter leur endroit de repos pour plonger à l’eau, puis revenir à la surface, et nous regarder avec étonnement, s’exposant ainsi parfois à servir de cible à nos carabines. Ils disparaissaient, malheureusement, aussitôt que blessés, de sorte qu’il nous fut impossible d’en capturer un seul. Le lendemain cependant, un pêcheur de l’endroit en sauva trois qu’il trouva à fleur d’eau, lorsque la marée était au plus bas. À l’entrée de la petite rivière Trinité, nous aperçûmes, sur la lisière du bois, une cabane de pêcheur entourée d’un arpent environ de terre en culture, promettant une belle récolte de patates : ce qui était considéré comme un grand luxe pour le propriétaire.

En débarquant sur le rivage, vis-à-vis de la cabane, un homme grand et bien fait nous aborda en nous saluant dans la langue de son pays, la France. En réponse à nos questions, il nous dit que l’on