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EN RACONTANT

et entouré de baleineaux me suppliant de leur rendre leur maman. Mon nom volait de bouche en bouche, et ma renommée grandissait au point que je ne crois pas que Barnum lui-même, qui avait pourtant tant de choses merveilleuses à montrer, n’occupât l’attention publique plus que moi-même à cette époque. Des présidents de sociétés historiques ou autres institutions savantes, vinrent me voir pour connaître l’histoire de ce monstrueux poisson, et ma mémoire devait être rendue immortelle si je consentais à en abandonner le squelette pour leur musée. Je les remettais, pour accepter de tels honneurs, jusqu’à l’époque où je pourrais consulter mon associé, le capitaine, qui, j’en étais certain, préférerait convertir le tout en argent ; et, invariablement, je donnais pour raison que celui-ci étant absent, je ne pouvais rien faire sans son consentement.

À l’occasion d’une de mes visites, je remarquais à environ un quart de mille plus bas que le lieu où nous étions, une grande barge remplie de gens venant de la rive sud du fleuve. Ils avaient organisé un pique-nique dans le but de voir la baleine. Il y avait de soixante à soixante-dix personnes de tout âge et de tout sexe. La difficulté était de prendre terre, vu l’absence de quais. Aussi, quelques robustes jeunes gens portèrent les femmes sur leur dos jusqu’au rivage. Tout le monde étant débarqué, l’on