Page:Gregory - En racontant, 1886.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
UNE BALEINE

En attendant, l’exhibition donnait les meilleurs résultats, et l’argent m’était apporté à profusion.

Je calculai que, pourvu que cela pût se continuer encore deux ou trois jours, les résultats seraient magnifiques, d’autant plus que le lendemain était le jour d’ouverture d’une exposition industrielle dans la vieille cité, et que, sans doute, des milliers de visiteurs profiteraient de cette circonstance pour voir un objet aussi curieux qu’une vraie baleine. J’avoue franchement que je commençai à croire que nous avions trouvé « la pie au nid », et chaque demi-heure ajoutait des sommes d’argent considérables à mes premiers calculs des profits probables, qui devaient être partagés entre le capitaine et moi-même. De même que les parts de banque en temps de hausse, la valeur de la baleine montait, montait, montait toujours. Hélas ! toutes ces brillantes espérances devaient être bientôt réduites à néant et faire place à d’amères déceptions.

Il faisait très chaud ; le soleil dardait des rayons ardents, et je ne crois pas que cette baleine eût jamais fréquenté les pays chauds ; la température froide du nord lui aurait sans doute convenu bien mieux, car je m’aperçus bientôt qu’elle manifestait des symptômes alarmants causés par la chaleur.

Le médecin du port avait évidemment eu vent de cette baleine. Aussi, se présenta-t-il tout ému à mon bureau, me demandant si j’avais l’intention