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EN RACONTANT

son heure, et nous partîmes, amenant à notre remorque la baleine qui, tantôt se balançait d’un côté, tantôt de l’autre, ouvrant de temps à autre sa gueule tellement grande, qu’elle arrêtait presque le navire dans sa marche.[1]

« À force de persévérance, et grâce à la marée, nous atteignîmes enfin le quai vers minuit, et j’envoyai votre neveu vous apprendre cette nouvelle.

« Maintenant, je sais que vous vous attendez à ce que je reparte dès l’aurore pour mon voyage, qui durera plusieurs jours, et que je dois vous laisser l’affaire en mains, mais j’espère que vous veillerez à mes intérêts. Comme je viens de le dire, je vous prie de me mettre de part dans la moitié des dépenses et la moitié des profits. C’est toute une fortune, voyez-vous, que cette baleine, et, vraiment je serais très inquiet durant mon absence, si je ne savais d’avance que ce que vous ferez sera bien fuit. »

« Très bien, capitaine, lui répondis-je, soyez convaincu que je veillerai à nos intérêts communs ».

La baleine ayant été amarrée au ponton, je dis adieu encore une fois au capitaine ; et je repris

  1. La gueule d’une baleine est d’une grandeur énorme, d’une capacité si grande, que dans celle d’un spécimen de 78 pieds de long, pris en 1726, au cap Hourdel, dans la baie de la Somme, deux hommes, dit-on, pouvaient entrer sans se baisser.