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L’ÎLE D’ANTICOSTI

ont lieu généralement à quelques milles des côtes où l’on a placé des phares et des canons de brume.

Autrefois, de la baie de la Trinité à l’île Rouge, les naufrages étaient fréquents et les pertes de vies nombreuses. Depuis l’établissement des phares sur les Sept Iles, l’île aux Œufs, Portneuf, des bateaux-phares et des canons de brume sur les battures de Manicouagan et les récifs de l’île Rouge, ces dernières années, on n’a enregistré que bien peu de naufrages sur la rive nord.

L’île aux Œufs a été témoin du plus grand désastre maritime qui soit arrivé dans le fleuve Saint-Laurent.

Le 30 juillet 1711, l’amiral Walker sortait de Boston avec 6, 500 hommes de débarquement en destination de Québec. Jamais le fleuve Saint-Laurent n’avait vu une flotte aussi nombreuse et de si belle apparence. Dans la nuit du 22 août, un vent de rage se mit à souffler du côté de l’est, et d’épais brouillards répandirent partout une obscurité profonde. Un pilote canadien, prisonnier à bord, conseilla, mais inutilement, au commandant de ne pas courir trop au nord. Dans l’espace de deux heures, les vaisseaux anglais vinrent se heurter sur les écueils de l’île aux Œufs ; huit des plus gros vaisseaux furent mis en pièces avec une violence épouvantable, et le lendemain matin, deux mille cadavres gisaient sur les côtes de l’île. L’a-