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L’ÎLE D’ANTICOSTI

soigner et de les ramener à terre, mais un contretemps leur ayant fait manquer la goëlette Wasp, envoyée au devant d’eux, ils se sont trouvés prisonniers sur l’île où ils ont passé l’hiver.

Les désastres répétés de cette même automne éveillèrent de bien vives sympathies chez les habitants de la côte, et causèrent beaucoup d’inquiétudes au ministre de la marine.

Le public, lui aussi, connaissant par les récits qu’il avait lus ou entendu raconter, les terribles souffrances auxquelles étaient exposés les malheureux naufragés sur l’île d’Anticosti, était impatient d’avoir des nouvelles. Aussi, publiâmes-nous toutes les dépêches reçues, et, autant que possible, les réponses que j’adressais.

Je reçus, dans un intervalle de quatre jours, tant du haut que du bas de Québec, quatre-vingt-treize messages télégraphiques auxquels je dus répondre, ayant presque tous rapport à des accidents maritimes, et aux moyens à prendre pour prévenir leur retour.

La baie au Renard a aussi son lugubre souvenir.

Un pêcheur, un jour, en visitant ses pièges, aperçut une corde sur le rebord d’un rocher, mais dans le mouvement qu’il fit pour s’en saisir, il entendit, non sans effroi, une cloche de navire qui se mit à tinter. Voulant reconnaître la cause de ce fait