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L’ÎLE D’ANTICOSTI

mier dépôt de provisions, ou à la première maison de refuge. Enfin, voilà que ces hommes, épuisés par les fatigues et mourants de faims, aperçoivent un des endroits de refuge tant désirés, — ils sont sauvés, car le gardien compatissant qui les reçoit est pourvu de quinze quarts de farine, sept quarts de lard, cinq quarts de pois, de viandes en conserve, de hardes, de couvertures, de toute une pharmacie et d’une habitation chaude. Ils resteront ici jusqu’à ce que leur sort soit connu ; on les ramène alors sur la terre ferme, d’où ils sont renvoyés dans leurs foyers.

Le Bureau de Commerce de l’Angleterre pourvoit largement aux dépenses des équipages de navires anglais, les consuls étrangers agissent de même envers ceux de leur nationalité, et le gouvernement de la Puissance paie les frais qu’entraînent les naufrages de nos propres vaisseaux.

Mais, autrefois, aucuns de ces moyens de sauvetage n’existaient et, que de malheureux naufragés qui, n’étant pas engloutis par les flots, ou broyés par les rochers, ont été jetés sur les côtes désertes et inhospitalières de l’île, dépourvue de toutes les choses nécessaires à la vie. Les souffrances qu’endurèrent quelques-uns de ces naufragés surpassent l’imagination.

Le plus lamentable de ces naufrages est bien celui de la frégate française La Renommée, en 1736. Ce