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L’ÎLE D’ANTICOSTI

Le temps s’épaissit ; ils aperçurent au loin un rideau de brume suspendu au-dessus de ce qui leur semblait être le dos de l’île ; cependant, le navire toucha à un mille et demi du rivage.

Cet accident ne peut s’expliquer que par le fait qu’une vapeur ayant surgi des terrains marécageux, se reflétait sur cette couche de tourbe de façon à lui donner l’apparence de l’eau.

Ce fut seulement lorsque la chaloupe fut mise à la mer, et qu’ils eurent approché l’île, qu’ils reconnurent qu’ils avaient fait fausse route et étaient si près de terre.

Les courants perfides de cet endroit avaient graduellement fait dévier le navire de sa course, et les entrées dans le livre de loch donnèrent nécessairement lieu à des méprises : le navire vint frapper à toute vapeur sur les rochers.

Lorsque la question fut tour à tour posée aux témoins : « Pourquoi les sondages n’avaient pas été rapportés régulièrement ? » Ils répondaient qu’ils croyaient être éloignés de quatre à cinq milles de la côte, et dans une profondeur d’eau de quarante brasses.

Ce navire a été une perte totale.

Cependant nos gouvernements n’ont pourtant rien négligé pour faciliter la navigation dans les parages de l’Anticosti.