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EN RACONTANT

terie Il y a là enfouies depuis des siècles, de vraies curiosités scientifiques, qui nous révéleront sans doute un jour des choses surprenantes. Il y a quelques années, un pêcheur fut tout étonné de découvrir, dans une crique, une baleine entièrement pétrifiée.

L’on ne trouve que trois baies ou havres sur tout le contour de l’Anticosti : la baie au Renard, la baie Ellis et la Pointe aux Anglais. Encore ces havres ne sont sûrs que pour des navires d’un faible tirant d’eau, et seulement lorsque le vent souffle de certaine direction.

Ses battures, que l’on pourrait mieux désigner sous le nom de brisants, s’étendent d’un à deux milles du rivage. Impossible d’y trouver nulle part un lieu de refuge ou de mouillage. Les brumes fréquentes, les courants dangereux, et l’absence de havres ont fait de cet île la terreur des marins, et des naufrages sont fréquemment arrivés sous des circonstances les plus incompréhensibles.

À l’occasion d’une enquête conduite par moi-même, en l’automne de 1880, sur la cause de la perte du steamer Cybèle, il a été démontré que quelques heures avant le désastre, le vaisseau avait fait des relèvements justes et établi sa course pour éviter l’île ; que les hommes de l’équipage avaient vu la terre à plusieurs milles de distance, et qu’il n’était venu à l’idée de personne que le vaisseau ne fût pas dans une voie parfaitement sûre.