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EN RACONTANT

S’il optait pour celui du sud, une longue jetée dans la Traverse surmontée de feux d’alignements, qui serviraient de balises durant le jour, le guiderait sûrement à travers les endroits les plus dangereux du fleuve ; s’il s’engageait dans le chenal du nord, la Traverse, au pied de l’Île d’Orléans, est déjà pourvue de feu d’alignements et de phares.

Il faut se rappeler que, lorsqu’un des chenaux est couvert de glaces, l’autre en est presque libre. La distance entre la Malbaie et Québec étant de 90 milles, un bon steamer devrait donc être en état de la franchir en quelques heures ; néanmoins, si l’on trouvait la course trop longue, sans un havre de refuge, est-ce qu’un brise-glace, placé à mi-chemin, ne surmonterait pas cette difficulté, si réellement elle existait ? Les temps de brume en hiver sont peu à craindre, et il y a des hivers, comme celui qui vient de s’écouler, qui amènent rarement de tempêtes de neige aveuglantes.

Il arrive souvent que les steamers de la malle sont retenus pendant des heures par les brouillards durant la saison d’été, tandis que pendant l’hiver, l’atmosphère est comparativement claire.

Étant maintenant donné que l’on trouve à des distances voulues des havres de refuge avec mouillage sûr, les objections que j’entrevoyais d’abord contre la possibilité de la navigation d’hiver ont disparu, si non tout à fait, du moins en partie.