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EN FLORIDE

Combien plus fort doit être ce sentiment ou ce souvenir de la patrie absente chez l’habitant du Canada, pays où l’on vit si heureux et si content.

Après avoir tué le temps agréablement durant dix jours à Waverly, nous bouclons nos malles pour retourner à Jacksonville, et, de là, à Cedar Keys, sur la côte du golfe du Mexique, suivant la recommandation que nous avait faite le Dr Kenworthy.

Nous nous rendons en voiture à Entreprise, où nous prenons le vapeur Anita en route pour Jacksonville. Nous passons la nuit à Entreprise et Pulaska, dont nous visitons les deux grands hôtels à la mode, que nous trouvons remplis de gens venus de toutes les parties du Nord, et dont plusieurs prétendent être venus ici pour le bien de leur santé qui me paraissait pourtant dans les meilleures conditions. Comme le même motif m’avait amené en Floride, je ne voulus point faire de remarques sur les autres, afin de ne pas m’en attirer sur moi-même.

Arrivé à Jacksonville, je reçus une botte de lettres du Canada, parmi lesquelles se trouvait un pli qui me fit comprendre que l’homme propose et que le gouvernement dispose. Je dus abandonner ici tous mes autres projets de voyage en Floride. Mon compagnon prit la route de Cuba et Mexico via Cedar Keys, et je revins au pays avec mon caïman.