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EN FLORIDE

Aussitôt qu’un nègre se sent quelques piastres au gousset, il se dirige vers quelque ville, où il fait peau neuve, achète des bonbons et des cigares et dépense le reste de son argent en amusements ; mais, du moment qu’il est à sec, il reprend sa mine de pauvre gueux jusqu’à ce qu’il trouve de l’emploi.

Lorsque les travaux de la voie ferrée sont terminés dans le voisinage du camp à palissades, les vieilles constructions, qui ne sont que des huttes de bois rond, sont abandonnées, et les prisonniers vont s’installer plus loin où ils élèvent de nouveaux quartiers, qu’ils occupent jusqu’à ce qu’il soit nécessaire de déménager de nouveau.

Le dimanche est le jour de liesse par excellence des condamnés, et ils agissent, ce jour-là, à leur guise. Après l’office religieux, ils se livrent aux jeux et au chant. Quelques-uns parmi les plus âgés font de très beaux sermons, et avertissent les jeunes des dangers de leurs mauvaises habitudes, mais je crois que dans tout ceci, la plaisanterie l’emporte, vu la nature légère et insouciante du nègre.

Il est très amusant d’observer un groupe de nègres, hommes et femmes, garçons et filles, flânant sur les quais et aux environs des gares de chemins de fer, et de prêter l’oreille à leur babil. Ils se taquinent sans cesse entre eux, font des farces, jettent des