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EN FLORIDE

durs, pour cause d’infirmité physique, s’occupe du blanchissage, de la cuisine et de l’entretien du local. Toute infraction à la discipline est sévèrement punie. On se sert pour cela d’une longue et large courroie de cuir, et le nombre de coups est proportionné à la gravité de l’offense. La nourriture se compose de galettes de bled dinde, de soupe aux pois, de bled d’Inde crevé (du bled d’Inde bouilli comme le riz) et de lard. Le bled d’Inde, que l’on fait bouillir comme du riz, forme ce qu’ils appellent sagamité. On tue un bœuf une fois la semaine pour se procurer de la viande fraîche.

Comme il faisait nuit à notre arrivée, les détenus étaient tous placés sous clé dans leurs dortoirs. Après notre souper, le surintendant adjoint s’offrit de nous les faire voir. Nous constatâmes que les hommes étaient logés dans deux longues bâtisses construites avec de gros billots de pin ayant, entre eux un espace suffisant. Ces constructions avaient à peu près cent pieds de long chacune. À l’intérieur et s’élevant environ à deux pieds du sol, se trouvait, de chaque côté, une rangée de lits parcourant toute la longueur de la bâtisse et de huit pieds de large, à peu près, avec un passage au milieu. Les deux rangées pouvaient contenir cent hommes, ou cinquante chacune. C’est là que dormaient les condamnés dans leurs habits de travail, leurs grands pieds noirs débordant l’extrémité du lit et n’ayant pour oreiller qu’un morceau de bois. Il y avait,