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EN FLORIDE

près d’une clôture, une bâtisse ou un arbre, ils s’appuient sur ces objets avant de vous répondre. Ils paraissent éprouver sans cesse le besoin de s’appuyer sur quelque chose ; leur démarche est nonchalante, et manque de cette vitesse d’allure qui caractérise l’habitant du nord ; je croyais courir en marchant à côté de quelques-uns de ces individus.

Une autre chose digne de remarque est le petit nombre de personnes nées à l’étranger et la rareté d’irlandais parmi la population. M. Barbour, qui a parcouru la Floride en tous sens, dit qu’il n’y a rencontré qu’un seul Irlandais parlant le patois, et mon expérience personnelle me permet de corroborer ce fait.

Il y a toute une colonie de Suédois près de Sandford et quelques Allemands par-ci, par-là. Dans le nord de l’État, on trouve encore quelques-unes des anciennes familles aristocratiques du Sud. Ces familles sont peu nombreuses, et elles essaient de s’habituer au nouvel état de choses amené par l’abolition de l’esclavage, qui faisait autrefois leur fortune.

Dans les grandes villes, les nègres forment la plus grande partie de la population, et quels étranges et drôles d’êtres ce sont : imprévoyants, légers et pas plus industrieux qu’il ne faut. Leur principale nourriture consiste en maïs crevé et en