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d’un auteur qui ne saurait être suspect de révolutionnarisme, ni de subversion ; mais qui, empoigné par la vérité se plaît à la proclamer en termes émus, trop guidé, peut-être par le seul sentimentalisme. Mais, après tout, le sentimentalisme est une bonne chose en lui-même lorsqu’il ne s’écarte pas de la vérité et de la logique :

«… Aujourd’hui le plus fort, le plus riche, le plus haut placé, le plus savant exerce un empire presque absolu sur le faible, sur l’ignorant, sur l’homme des classes inférieures, et il leur semble tout naturel d’épuiser à leur profit personnel les forces de ces derniers. La société entière doit nécessairement souffrir d’un tel état de choses ; elle doit comprendre qu’il vaudrait mieux voir tous les individus concertant leurs efforts, se soutenant l’un l’autre, tendre au même but, c’est-à-dire, secouer le joug des forces naturelles, au lieu d’user le plus clair de leur vigueur à s’entre-dévorer, à s’exploiter mutuellement. La rivalité, si utile en soi, doit subsister, mais en dépouillant l’antique et rude forme guerrière et exterminatrice de la lutte pour vivre, en revêtant la forme ennoblie, mais vraiment humaine d’une concurrence ayant pour but l’intérêt général. En d’autres termes, au lieu de la lutte pour vivre, la lutte pour la vie en général ; au lieu de l’universelle haine, l’amour universel ! À mesure que l’homme progresse dans cette voie, il s’éloigne davantage de son passé bestial, de sa subordination aux forces naturelles et à leurs inexorables lois, pour se rapprocher du développement idéal de l’humanité ! Dans cette voie aussi l’homme retrouvera ce paradis dont la vision flottait dans l’imagination des plus anciens peuples, ce pa-