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ces travailleurs qui aspirent à un état meilleur, eux qui produisent tout, luxe et jouissances, et se serrent le ventre toute leur existence ! Hommes d’appétits et de convoitises, ceux qui réclament leur part de consommation dans les richesses qu’ils produisent !


Mais ceux qui nous oppriment ? — Oh ! peut-on dire ! Eux, des hommes d’appétits et de convoitises ? comment donc ! — Écoutez-les, au sortir d’une nuit bien employée ! viennent-ils nous surexciter les mauvaises passions, en faisant entrevoir au travailleur un avenir impossible ? que non, entendez-les lui prêcher l’amour de sa famille, de son intérieur, le respect des positions acquises, la morale, la tempérance et le désintéressement, en des discours coupés par les hoquets d’un repas trop copieux, où, individuellement, ils auront absorbé la substance de plusieurs familles.

Eux, des hommes de convoitises ? Ho ; fi donc ! les pauvres gens que vous les connaissez mal ! — Mais s’ils consentent à s’empiffrer de la sorte, au risque de crever d’indigestion, croyez-vous que ce soit pour leur satisfaction personnelle ? oh ! que non. C’est par humanité… ! Ne faut-il pas qu’ils rendent à la circulation l’argent qu’ils ont soutiré au commerce et à l’industrie, à la sueur du front… de leurs serfs du sol, de la mine, de l’usine ou du comptoir ! Les croyez-vous si égoïstes de vouloir se l’accaparer et n’en rien laisser sortir ?

Allons ! pauvres diables qui tremblez, hâves, déguenillés, sous la morsure du froid, qui vous crispez, le ventre creux, sous les étreintes de la faim, réjouissez-vous ! Pour vous faire plaisir et vous procurer du