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de parti, a pu, autrefois, avoir sa momentanée raison d’être, n’est donc qu’une cristallisation de la coutume ; régressive en même temps, car, en devenant loi, elle demeurait immuable, restait en arrière des mœurs qui, elles, se transformaient.

De plus, l’opinion publique n’était implacable que pour ce qui portait un préjudice réel à la collectivité, en lésant un de ses membres ; elle savait tenir compte aussi, de l’intention et des circonstances. La loi se meut entre le maximum et le minimum, et cette variation dépend encore plus de la complexion physiologique de ceux qui sont appelés à l’appliquer qu’à la nature du délit lui-même.

Du reste, est-ce que le meilleur moyen de moraliser les individus, n’est pas de leur apprendre que la transgression d’une règle utile porte en elle-même sa punition, en lui étant plus tard nuisible par ses effets ultérieurs ? Cela ne serait-il pas aussi moral et surtout aussi efficace que de lui dire que, s’il est pris à transgresser la loi, il sera puni, mais qu’il n’en sera rien s’il peut cacher sa transgression aux yeux de l’autorité.

Nous dira-t-on que la crainte du châtiment, seule, peut forcer les individus à accomplir leur devoir ? c’est le refrain des partisans de la répression, eh bien, l’argument est faux. Nos institutions prouvent d’abord, que la peur de la répression n’empêche rien, et nous avons la preuve que la tradition et la coutume, sont toutes-puissantes chez les peuplades que nous nommons inférieures. Voudra t-on avouer que notre moralité est inférieure à la leur ?

Voici ce que dit Bellot, des Indiens des régions polaires, au sujet des cachés de vivre qu’ils font dans