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de connaissances à leur développement intellectuel.

Mais, pour bien comprendre cet empressement des individus autour de l’enfance, il est évident qu’il faut s’abstraire de la société actuelle, où la famille est une charge, d’abord, un moyen d’exploitation ensuite ; qu’il faut se faire une idée nette des rapports sociaux, tels que nous les comprenons et que nous venons de les décrire ; se rendre compte de la nouvelle situation qui se sera créée dans les rapports de l’homme et de la femme, où l’enfant viendra apporter une note nouvelle ; un lien de plus chez les individus normalement doués. Faire dans son esprit table rase des préjugés actuels est un des premiers travaux à accomplir pour apprécier sainement les choses de l’avenir.

Étant donné que les anarchistes ne veulent d’aucune autorité ; que leur organisation doit découler des rapports journaliers entre les individus ; rapports directs, sans intermédiaires, naissant sous l’action spontanée des intéressés, d’individu à individu, d’individu à groupe et de groupe à groupe, mais se rompant aussitôt ; une fois le besoin disparu, la société, cela est évident, n’aurait, pour la synthétiser, aucun comité, aucun système représentatif pouvant intervenir, en tant que corps, dans les relations individuelles.

La question de l’enfance se simplifie beaucoup et ne se pose plus comme l’ont comprise jusqu’ici les socialistes autoritaires : « À qui doit appartenir l’enfant ? » — L’enfant n’est pas une propriété, un produit qui puisse « appartenir » plus à ceux qui l’ont procréé, — comme le veulent les uns — qu’à la société — comme le prétendent les autres. La question se transforme donc en celle-ci : « Qui donnera les soins à l’enfant ? »