Page:Grave - La Société future.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont la prestance l’a subjuguée, fait tort au maître, haro ! sur elle. Le mâle désinvolte qui, pareil au coucou, va nicher dans le nid du voisin, fait preuve d’intelligence. On n’est pas plus régence.


La religion est ensuite venue apporter sa part d’anathème contre ceux qui obéissaient davantage aux lois de la nature qu’aux restrictions des moralistes et des légistes. La théorie du péché originel est venue peser de tout son poids sur l’accomplissement de l’acte génésique.

Ne pouvant décréter la continence absolue, l’Église a dû sanctionner et bénir l’union de l’homme et de la femme, mais pour en réglementer les rapports, jetant ses plus forts anathèmes à ceux qui se livraient à l’amour sans son assentiment. Les cérémonies qu’accomplissaient librement les primitifs au sein de la tribu ; pour bien établir leur entrée en ménage, devinrent obligatoires avec la religion et de là passèrent dans le Code civil, l’héritier de la plupart des prérogatives de l’Église.

Après avoir défendu de s’aimer sans l’autorisation du prêtre, il fut défendu de s’aimer sans l’autorisation du maire. L’opinion publique, entretenue dans l’ignorance par le prêtre et le législateur, conspua ceux qui trouvaient qu’ils n’avaient besoin de l’autorisation de personne pour se prouver leur amour. Mais toujours de par l’idée de propriété, ce fut sur la femme que tomba le réprobation ; l’homme n’était blâmé que s’il prenait cette union-là au sérieux, et traitait son amante en véritable compagne.

Mais cette fausse pudeur, ainsi que toutes les peines et châtiments que l’on a pu inventer contre ceux qui