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aux lois de la nature !!!! » (Malthus, Essai sur la population.)

On le voit l’aveu est net, et la menace des plus catégoriques : « Tout indigent n’a pas le droit de vivre ! S’il parvient à se maintenir à l’aide des rogatons que lui abandonne la munificence de quelque charité publique ou privée, ce n’est qu’une simple bonté de la part des maîtres ! Travailleurs que le chômage force souvent à avoir recours à l’emprunt et au crédit, rappelez-vous que vous n’avez pas le droit de vivre si vous n’avez pas de capitaux en réserve. Ne venez donc pas nous casser la tête avec votre droit à l’existence. Ne le proclamez pas trop haut. Prenez garde ! on pourrait vous rappeler que c’est un crime d’être né indigent, que votre existence n’est qu’un simple acte de tolérance, de la part de ceux qui possèdent.

Travailleurs, qui crevez de faim sur vos vieux jours alors que vos forces se sont usées à produire les richesses qui augmentent la somme des jouissances de vos exploiteurs, c’est un crime d’être venus au monde de parents pauvres et de ne pas avoir su se faire des rentes. Tenez-vous pour satisfaits que des « protecteurs compatissants » aient encore bien voulu employer vos services, alors que vous étiez capables de mettre en œuvre les capitaux dont, sans vous, ils n’auraient su tirer aucun parti. On a bien voulu vous laisser vivre alors que vous étiez utiles, que l’on pouvait exploiter vos facultés productrices, c’était déjà une bonté d’âme, mais maintenant que vous êtes fourbus, plus bons à rien, dépêchez-vous de disparaître, vous gênez la circulation, on ne vous doit plus rien. »