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mence à rire, on voit la réduction que l’on pourrait obtenir.

Mais quand nous parlons de réduire les heures de travail, nous ne parlons, bien entendu, que de celles passées à un travail que l’homme fera par nécessité et non par affinité, pour produire les objets de première nécessité, strictement nécessaires à ce qui doit parer aux besoins pressants de l’existence. Deux, trois, quatre heures pourront suffire. Mais dans les travaux que l’homme fera par goût, par esprit de recherche, est-ce que, dans cet ordre de choses, l’homme comptera les heures qu’il y passera ?

Souvent, dans la société actuelle, des individus, après avoir passé huit ou dix heures dans un atelier ou dans un bureau, sur une besogne qui leur répugne, prennent sur leur repos pour s’adonner à des occupations qui leur plaisent : lecture, musique, dessin, peinture ou sculpture, mais aussi à des métiers manuels. Et cela tend si bien à se développer, que l’outillage d’amateur prend, de nos jours, une extension de plus en plus grande. L’homme sera fatigué de six heures de labeur sur un travail qui lui répugne, mais en fera dix-sept sans fatigue et sans s’en apercevoir, s’il peut s’adonner à des occupations qui lui plaisent, et surtout les varier et les changer avant qu’elles deviennent fatigue pour lui.


L’homme, quel qu’il soit, a une force d’activité qu’il faut qu’il dépense d’une façon ou d’une autre. Du moment qu’il ne sera plus forcé d’user ses forces dans un labeur épuisant qui ne lui assure même pas la satisfaction de ses premiers besoins, ce sera un bonheur pour lui d’essayer toutes ses facultés, dans la