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une loi prohibitoire. Cela peut être du « collectivisme », mais, à coup sûr, ce n’est pas là de l’égalité ; de la liberté encore bien moins.


En dehors de tous ces inconvénients, il y en a encore un plus dangereux. C’est qu’en instituant ces commissions — qui ne seraient autre chose qu’un gouvernement, sous une dénomination différente — nous n’aurions tout bonnement fait une révolution que pour activer la concentration des richesses, qui s’opère aujourd’hui dans les hautes sphères capitalistes, et arriver, en fin de compte, à mettre entre les mains de quelques-uns la propriété de l’outillage et de toutes les richesses sociales, à augmenter cette bureaucratie qui nous épuise et nous tue actuellement.

Les capitalistes voudraient, aujourd’hui, détruire l’État en le fragmentant, et en faisant de chacune de ses fonctions une entreprise industrielle. Cela pour y mettre la main plus sûrement encore qu’ils ne l’ont déjà. Les collectivistes veulent s’emparer de la richesse pour la concentrer entre les mains de l’État, même besogne au fond, prise en sens inverse pour arriver au même résultat.

Aujourd’hui que l’État ne possède qu’une minime partie de la fortune publique, il a su créer, autour de lui, une foule d’intérêts particuliers qui sont intéressés à sa conservation et font, d’autant, obstacle à notre émancipation. Que serait-ce donc d’un État patron, capitaliste et propriétaire, tout à la fois ? D’un État omnipotent, disposant, à son gré, de toute la fortune sociale et la répartissant au mieux de ses intérêts. Un État, enfin, qui serait maître, non seulement de la génération présente, mais aussi des géné-