Page:Grave - La Société future.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.

est un être complexe et complet. Et auquel, du reste, l’état de conscience où il est arrivé lui empêcherait de se plier.

On peut suivre la progression de l’adaptation des cellules en étudiant les premières formes animales. Si on prend une amibe, une monère qui sont, parmi les protistes, les êtres les plus rudimentaires, on voit cette espèce de gelée vivante se déplacer, manger, proliférer sans avoir aucun organe spécial. L’individu accomplit toutes ces besognes avec n’importe quelle partie de son être : s’il veut marcher, il projette, de la périphérie de son corps, des prolongements qui lui servent de pieds ; s’il veut manger, il happe la nourriture par n’importe quelle partie de sa matière, il l’enveloppe et la dissout, dans sa masse. Veut-il se multiplier ? un étranglement se fait au milieu de son corps, cet étranglement s’amincit de plus en plus, formant deux individus distincts ; quand la segmentation est à maturité, les deux individus se scindent et forment deux êtres séparés, en tous points semblables à celui qui leur a donné naissance.

C’est la phase de l’amibe, chez la monère, — monère orangée de Haeckel — la prolifération est plus compliquée et passe par plusieurs phases. Remontons l’échelle, quelques degrés seulement, et nous rencontrons l’Ascidie. Ici l’individu n’est plus composé d’une seule cellule, c’en est une colonie où, déjà, les fonctions commencent à se spécialiser. Il y a un épiderme, un commencement de muqueuse, une ouverture pour happer la nourriture, et… une opposée pour la sortie. Mais la spécialisation est si peu ancrée, elle est d’une acquisition si récente que l’on peut prendre l’animal, le retourner comme un gant, et il conti-