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se multiplier sous son action, absolument comme les bûcherons qui, coupant l’arbre au collet de la racine, ne tardent pas à voir, de la souche, repousser des jets vigoureux et présenter deux, trois, cinq et six plants nouveaux là où il n’y en avait qu’un ; nous, nous voulons déterrer la racine et la brûler, afin qu’elle ne produise plus.

Et si, dans la société future, il se reproduisait de ces actes, ce ne pourraient être que des cas isolés et ataviques que les individus d’alors auront à empêcher, mais qui ne nécessitent pas un outillage social spécial pour les réprimer.


La propriété, la misère, voilà les grandes causes génératrices de crimes. Encore une fois, on n’est pas criminel pour le simple plaisir de tuer. Que l’on repasse les causes les plus célèbres, là où les crimes font le plus horreur, on y trouvera toujours le même mobile : l’intérêt. Même les crimes de vengeance que l’on pourrait classer dans la catégorie des crimes passionnels, la plupart prennent leur origine dans des divisions d’intérêt. S’il était possible de les analyser tous, peut-être en échapperait-il très peu à cette règle.

Le vol qui fournit le plus de cas de répression et qui est parfois plus puni que le meurtre, n’est-il pas le produit direct de l’appropriation individuelle, de l’intérêt et de la misère ? La misère et la propriété individuelle étant supprimées, le vol n’aura plus raison d’être. Quand tout ce dont vous pourrez avoir besoin sera à votre disposition, vous amuserez-vous à voler ?

Nous avons les exemples de ces peuplades où la propriété individuelle est réduite à sa plus simple expression : la cabane où loge la famille, les effets et