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ment et trouvent que c’est perdre son temps de discuter « avenir ».

Ce qui nous fait considérer à nous, ces discussions sur l’avenir comme très utiles, c’est que les révolutions passées ont toutes piteusement échoué parce que les révoltés se battaient, se reposant sur leurs meneurs pour organiser les relations sociales et reconstituer le nouvel ordre de choses. C’est parce qu’ils se sont toujours contentés d’aspirations vagues, mal définies, que les travailleurs se sont toujours vu frustrer des fruits de leurs luttes.

La majorité des travailleurs s’est toujours uniquement préoccupée des besoins de la lutte présente, se contentant de prendre part à la bataille, de fournir la chair à fusillade, laissant à d’autres le soin de penser. L’idéal, le désir, le but pour lequel combattait la masse, était certes bien clair dans son entendement, c’était tout comme nous l’entendons nous-mêmes : la liberté, le bien-être pour tous.

Mais, sous quelle forme cela devait-il lui venir ? — elle ne s’en était pas préoccupée. On lui avait parlé de la République qui devait l’affranchir, d’un socialisme mal défini, mais lui laissant entrevoir tout un monde de félicités, cela avait suffi, elle avait combattu pour cette République qui devait apporter le bonheur sur la terre, laissant aux « initiés », à ceux « qui savaient » et en qui elle avait confiance, le soin d’organiser après la lutte, son bien-être et sa liberté, mettant à leur service des mois et des années de misère pour leur donner le temps de lui arranger quelque chose de tout à fait convenable !

Lorsque impatiente, ne voyant rien venir, à bout de souffrances, de misère et de privations, elle exi-