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majorité, justificatrice de toutes les turpitudes, de tous les excès, de tous les massacres, de toutes les spoliations, pourvu qu’elles fussent justifiées par le succès.

Mais comme il n’y a pas un seul individu qui, à un moment quelconque de son existence, ne se soit révolté plus ou moins contre quelque majorité, nous demanderons à ceux qui l’acceptent pour loi, à quel signe ils reconnaissent la validité d’une majorité ? à quel criterium ils s’arrêteront pour reconnaître qu’ils doivent lui accorder confiance ?

Tous les pouvoirs qui se sont succédé, ont commencé à combattre, étant minorité, contre le pouvoir-majorité, et n’ont même pas reculé devant la violence pour retourner la majorité à leur gré. Que l’on nous dise donc où commencent les majorités respectables, où finissent celles qui ne le sont pas ?

À ce compte-là, les socialistes qui, avant d’être en place, nous prêchent déjà le respect de la sacro-sainte majorité, n’auraient qu’à se prosterner bien humblement devant la majorité bourgeoise, au lieu de se gendarmer contre elle. La majorité bourgeoise qui prétend se faire respecter des minorités qui l’assaillent, aurait dû, elle aussi, nous prêcher d’exemple, en s’agenouillant devant la royauté et la noblesse. Ces deux puissances étaient au pouvoir, elle les a si peu respectées, elle les en a fait descendre si violemment que beaucoup des culbutés y ont perdu la tête.

Il se peut que les bourgeois se croient plus respec-

    vrages de sociologie affirment carrément le principe de l’autorité par les supériorités intellectuelles, — dont ils font partie naturellement.