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jetant de la félicité à pleins bras ; et alors, il se raccroche de toutes ses forces à ceux qui lui font espérer ce dénouement heureux, ce changement obtenu sans lutte et sans efforts ; il acclame ceux qui daubent sur les détenteurs du pouvoir, lui semblant que c’est sur le pouvoir lui-même que l’on frappe, il porte au pinacle ceux qui lui promettent les plus belles réformes, lui font entrevoir toute une législation en sa faveur, s’apitoient sur sa misère, promettant de la lui alléger !

Croit-il plus en eux qu’en ceux qui montrent la Révolution comme seule solution ? — Fort probablement, non. Mais ils lui font espérer un changement sans qu’il ait à prendre part directement à la lutte, cela lui suffit pour l’heure présente. Il s’endort dans sa quiétude, attendant de les voir à l’œuvre pour recommencer ses doléances lorsqu’il les verra éluder leurs promesses, s’éloigner l’heure de la réalisation… jusqu’au jour où, acculé à la faim, le dégoût et l’indignation étant à leur comble, il se relèvera enfin d’un si long avachissement, et fera payer, en un jour, de longs siècles de misère et de rancœur.


Si les bourgeois avaient l’intelligence de la situation, ils pourraient éloigner cette échéance pour longtemps encore, ils pourraient faire durer de longs siècles encore, cette attente d’un millenum venant, pacifiquement, apporter à tous le bonheur sur la terre. Nous avons vu que leur rapacité et la concurrence qui sévissait parmi eux, les faisaient contribuer à l’évolution fatale, en travaillant eux-mêmes à la destruction de leurs institutions.

Ils ont soin pourtant de ne proposer que des ré-