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bien connaître son affaire, il faut être humble et soumis envers son excellence le capitaliste. Le personnel ne manque pas sur le marché, la force, l’activité, l’intelligence sont denrées communes, on exige de plus, l’humilité et la platitude.

Mais ne s’arrêtent pas là les effets néfastes de l’outillage mécanique. Être occupé toute une journée à suivre les évolutions d’une machine pour en voir sortir un morceau de ferraille tout estampé, cela n’a rien de bien récréatif ni qui puisse élargir le cerveau et lorsque ce travail se répète tous les jours, sans trêve ni repos, pendant des années et des années, on comprend que celui qui n’a fait que cela toute sa vie, soit incapable d’autre chose si cette occupation vient à lui manquer, et que cette incapacité le mette à la merci de celui qui l’exploite.

À toutes ces causes de ruine pour le travailleur que l’on ajoute son remplacement, auprès du nouvel outillage, par des femmes et des enfants et l’on ne s’étonnera plus que, ne voyant que les effets qui « semblent » dériver de leur introduction dans le monde industriel, il s’en prenne à cet outillage des maux qu’il subit.


Il suffit de regarder autour de soi, pour voir que nous décrivons exactement ce qui se passe. Dans chaque corporation, l’ouvrier disparaît pour faire place au spécialiste. Pour ce dernier, assujetti au mouvement régulier et automatique de la machine dont la vitesse s’accélère chaque jour, son attention subit une telle tension d’efforts exigée par son labeur quotidien que son travail en devient plus fatigant que lorsqu’il le faisait sans le secours de la machine.