Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée

Barcelone, où il était né en 1043, pour se rendre dans la ville maritime de Denia. Là, il se consacra à l’étude du Talmud. Il était âgé de trente-cinq ans quand il traduisit en hébreu le traité arabe de Haï sur le droit commercial talmudique. Plus tard, à un âge très avancé, il composa lui-même un livre sur le droit civil du Talmud. Il était également poète et écrivit des azharot, où il émaillait très habilement ses vers de citations bibliques et faisait des jeux de mots piquants et spirituels.

Quand Isaac Albargueloni vint s’établir à Denia, Isaac ben Moïse ibn Saknaï quitta cette ville, probablement parce que la réputation du nouvel arrivant le mettait dans l’ombre. Il se rendit à Pumbadita, où il enseigna avec le titre de gaon. Triste retour des choses ! C’est l’Occident, autrefois totalement subordonné aux académies babyloniennes, qui envoyait à Pumbadita, au berceau de l’enseignement talmudique, un homme sans notoriété en Espagne, et que les Babyloniens considéraient comme une autorité.

Le dernier des cinq Isaac était bien supérieur aux quatre autres. Né en 1013 à Kala-ibn-Hammad, près de Fez, Isaac ben Jacob Alfasi ou Alkalaï eut pour maîtres les dernières autorités talmudiques d’Afrique, Nissim et Hananel. Après la mort de ces rabbins (vers 1050), il était le seul représentant de la science talmudique dans l’Afrique occidentale. Esprit original et pénétrant, il délaissa les sentiers battus pour chercher des voies nouvelles. Comme le Talmud a souvent pour une même question des solutions diamétralement opposées, on avait pris l’habitude, dans la pratique, de suivre les explications des gaonim. Alfasi entreprit de trouver pour tous les cas des décisions certaines dans le Talmud même, et dans ce but il expliqua les textes talmudiques avec une sagacité étonnante, mettant de cité tout ce qui lui paraissait douteux ou accessoire pour ne conserver que les passages qui avaient un caractère de certitude et étaient utiles pour la pratique. C’est ainsi qu’il composa un code (Halakot), attaqué de son vivant, mais qui fut ensuite adopté par le judaïsme tout entier. Celte œuvre fit oublier tous les travaux analogues publiés dans le cours des trois siècles précédents depuis le gaon Yehudaï ; elle rendit célèbre le nom d’Alfasi plus peut-être en Espagne que dans l’Afrique, sa patrie.

En même temps qu’Alfasi, vivait en France un savant talmudiste,