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rétablirent d’anciens règlements de Spire, Worms et Mayence (Tekanot Schum), décidant, entre autres, qu’une femme restée veuve sans enfant devait être déliée promptement de l’obligation d’épouser son beau-frère et avait droit à une partie bien déterminée de la succession de son mari. De tous les rabbins qui prirent part à ce synode, pas un seul n’a laissé un nom connu.

L’Espagne ne fut pas plus épargnée que les autres pays par la peste noire, qui emporta même Alphonse XI, roi de Castille. Il y eut également des victimes à Tolède et à Séville, dans les familles juives les plus illustres, parmi les Aboulafia et les Ascherides. Mais jamais le peuple n’eut l’idée de rendre les Juifs responsables de cette épidémie.

Du reste, sous le règne de Don Pedro (1350-1369), fils et successeur d’Alphonse, les Juifs jouirent en Castille d’une influence considérable. Ce roi, qui monta sur le trône à l’âge de quinze ans, fut surnommé Pierre le Cruel par ses ennemis, quoique, en réalité, il ne fût pas plus cruel que beaucoup de ses prédécesseurs et successeurs. Il avait ses qualités et ses faiblesses comme tout homme, mais fut haï plus que les autres, en partie parce qu’il ne voulait se soumettre ni aux rigueurs de l’étiquette de la Cour ni à toutes les exigences de la politique. Il est vrai qu’il exerça de sanglantes représailles, dais il y fut forcé par la trahison de ses frères bâtards, enfants de cette Léonore de Guzman qui, sans le vouloir, contribua une fois à sauver les Juifs. La mère de Don Pedro, l’infante portugaise Donna Maria, avait eu à subir toute sorte d’humiliations de la part de son époux, qui maltraitait sa femme pour complaire à sa concubine Léonore de Guzman. Don Pedro lui-même avait dû céder sans cesse le pas à ses frères bâtards, notamment à son frère utérin Henri de Transtamare.

Dès qu’il fut nommé roi, Don Pedro s’empressa de rendre à sa mère le rang qui lui appartenait et d’abaisser sa rivale. Il ne fit cependant aucun mal à ses frères bâtards, ce qui prouve qu’il n’était pas bien cruel. Mais il se montrait sévère envers les grands et les hidalgos, qui, au mépris de toute justice et de toute loyauté, opprimaient et maltraitaient le peuple. Aussi était-il surtout détesté de la haute noblesse, mais le peuple abandonné à ses propres sentiments lui resta fidèle jusqu’à sa mort. Les Juifs se montrèrent