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Enfin la cinquième classe renferme les prescriptions dont nous ne connaissons pas la cause avec certitude, telles que les lois alimentaires et les lois relatives aux sacrifices. Parmi ces diverses obligations, la plus importante est la croyance à Dieu, et les moins importantes sont les lois rituelles.

On voit qu’Abraham ibn Daud est arrivé à un résultat tout autre que Juda Hallévi. Celui-ci a accordé aux lois purement rituelles le premier rang parmi les prescriptions du judaïsme, parce qu’elles sont destinées. selon lui, à perpétuer l’esprit prophétique chez les Juifs, tandis que dans le système d’Ibn Daud, elles n’ont, au contraire, qu’une importance secondaire.

À côté de ses travaux philosophiques, Ibn Daud s’adonna à l’étude de l’histoire, et certes il a rendu à la littérature juive plus de services comme historien que comme philosophe. Ce furent les polémiques des caraïtes qui l’engagèrent à étudier l’histoire, pour y trouver des armes contre les adversaires du rabbinisme. En effet, après la mort d’Alphonse Raimundez, mort qui avait sans doute entraîné la chute de Juda ibn Ezra, l’implacable ennemi des caraïtes, ceux-ci relevèrent la tête et recommencèrent leurs attaques contre les rabbanites. Ibn Daud entreprit alors de démontrer par l’histoire que le rabbinisme s’appuie sur une chaîne non interrompue de traditions depuis Moïse jusqu’à son temps, et, dans ce but, il établit par ordre chronologique la suite des représentants du judaïsme qui se sont succédé à travers les époques talmudique, gaonique et rabbinique. Ce livre, qu’il publia en hébreu en 1161, est intitulé : Ordre de la tradition. La partie la plus importante de cet ouvrage est le chapitre consacré à la période brillante des communautés d’Espagne. Pour décrire cette époque, l’auteur s’est servi, en partie, de documents écrits, en partie de renseignements oraux qu’il avait recueillis. Ses informations sont exactes et sûres, ses récits sont brefs, avec bien des sous-entendus, son style est coulant et parfois poétique.

Abraham ben Meïr ibn Ezra (né vers 1089 et mort en 1167), de Tolède, avait plus de savoir et de profondeur qu’Ibn Daud. Admirablement doué, il était capable à la fois d’embrasser les objets dans leur ensemble et de les examiner dans leurs détails ; il était vif, spirituel, mordant, mais sans chaleur. D’une érudition étonnante,