Page:Grażyna fr.pdf/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

L'orgueil du chevalier semble atteint jusqu'au vif,
Car soudain, hors des murs s'élançant en furie,
Il se jette à cheval, se retourne et s'écrie:
«Si je ne portais pas le nom de messager,
Je jure qu'à l'instant je saurais me venger;
Et que pour cet affront ma formidable épée,
De votre sang païen serait déjà trempée.
J'en jure par la croix, signe de commandeur!
Vingt ans près des Césars je fus ambassadeur:
Mais à Rome, à Madrid, l'Empereur ni le Pape
Ne m'ont jamais traité comme votre satrape:
C'est à la belle étoile, au pied de cette tour,
Qu'il m'a fait du matin attendre le retour?
M'en aller sans réponse! et qui l'ordonne? un page!
Ah! c'est peu de ton sang pour laver cet outrage!
Nous ferons de ton peuple un exemple éclatant,
En tournant contre vous ce piége qu'on nous tend.
Ainsi, contre Vitold ton prince nous appelle,
Pour nous trahir ensuite en esclave rebelle!