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Puis, avant le matin, la trompette sonore,
A des combats nouveaux me rappelait encore!
Et lorsque, chevauchant sur des morceaux de bois,
Les enfants de mon âge, au bruit de leurs exploits,
Charmaient leur jeune sœur, ou leur vieille grand'mère,
Je m'élançais déjà dans la lice guerrière;
J'écrasais le Tartare, ou bien je moissonnais
Les plus nobles lauriers dans les champs polonais.
Pourtant depuis Erdvil, mes labeurs et mes peines
N'ont jamais d'un seul pouce agrandi mes domaines.
Vois ces remparts de bois, ce manoir écroulé,
De mes dignes aïeux refuge désolé;
Parcours ces vieux réduits et ces salles désertes,
D'une froide sueur et de mousse couvertes;
Où sont les pavois d'or, les piliers de métal,
Les armes des vaincus, les vases de cristal?
Je n'ai rien emporté des bras de la victoire,
Ni pays, ni trésors: rien, - rien! hormis la gloire!