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UN CŒUR VIRGINAL

Ils rencontrèrent bientôt M. des Boys, qui les cherchait. On regagna la gare. En attendant l’heure du train, M. Hervart s’intéressa aux châteaux, qu’il avait pris en double.

— Pourquoi n’irions-nous pas les visiter ?

Rose, en disant cela, regardait son père.

Il acquiesça.

— Cela me donnera des idées pour la restauration de Robinvast, que je médite.

Mais il entendait seulement une mise en état ; on cimenterait les joints, sans arracher une feuille de lierre ; la folie du parc et du bois serait respectée, mais il fallait des allées et des sentiers.

— L’art, dit-il, sentencieusement, ne comporte qu’une certaine qualité de désordre. Et puis, je dois compter avec les préjugés : la mauvaise éducation de mon jardin ferait croire à celle de ma fille…

Il y avait dans ce mot des projets de mariage. Rose le perçut aussitôt.

— Je suis, dit-elle, très bien comme je suis, et Robinvast aussi.