Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
UN CŒUR VIRGINAL

— Mais, dit-il, vous venez y mettre de l’ordre. Vous allez blanchir ces murs, gratter ces mousses et ces lierres, éclaircir ces masses sombres, enfin donner à M. des Boys un joli château tout neuf, avec un délicieux parc également tout neuf…

— Toucher à mes lierres ! s’écria Rose indignée.

— Et pourquoi cela ? dit Léonor. Les lierres ne sont-ils pas la gloire des murailles de Tourlaville ? Les lierres, mais c’est la seule beauté architecturale qu’on ne puisse acheter. À Barnavast. qui est à l’état de ruine, nous les respectons, chaque fois que le mur peut se consolider par l’intérieur. Restaurer, pour moi, c’est rendre au monument l’aspect que les siècles lui auraient donné si on avait veillé à son entretien. Restaurer, ce n’est pas remettre à neuf ; ce n’est pas donner à un vieillard les cheveux, la barbe, le teint et les dents d’un jeune homme ; c’est relever un mourant et lui donner la santé et la beauté de son âge.

— Oh ! que je suis contente de vous enten-