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lontiers la justice telle que la comprenait Aurélius ; vexés, mais convaincus que de laisser mourir de faim une créature humaine, ou de l’étrangler de ses propres mains, c’est un crime égal, ils payaient l’amende, puis, pour éviter d’être volés justement, ils faisaient, de leur propre volonté, la part des pauvres.

Les idées chrétiennes avaient pénétré peu à peu à Sinope, comme dans une grande partie de l’Empire romain, mais pas encore sous leur véritable nom ; ce nom était toujours détesté, et on y professait pour la religion nouvelle une horreur mêlée de crainte ; seules, devançant les dogmes, la justice et la pitié, mendiantes boiteuses,