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profitant de la liberté qu’avaient alors les juges de décider selon leur conscience, il aimait à oublier l’impérative dureté des lois pénales, — et plus d’une fois on l’entendit condamner à une notable amende d’avares et inflexibles riches « coupables selon lui de ne pas s’être laissé voler, attendu que le voleur était dans le besoin le plus extrême et qu’il y a un certain degré de misère qui autorise celui qui n’a rien à prendre à celui qui possède tout ». De tels jugements paraîtraient aujourd’hui fort scandaleux et notre moralité raffinée s’en indignerait ; mais au IVe siècle, à Sinope, dans la province de Pont, où se passe cette histoire, les hommes, dénués de grands principes, acceptaient vo-